Résidence d'art-thérapie “Teplo-2022”
L'art-thérapie s’est révélée une méthode d’assistance collective rapide et efficace pour répondre aux traumas des victimes du conflit meurtrier en Ukraine surgi en février 2022. Au-delà des personnes décédées depuis le début de l’invasion russe, un grand nombre de victimes colatérales, dont beaucoup d’enfants, ont eu besoin d’une aide et d’une prise en charge spécifique.
Avec l’aide des autorités régionales et de certaines entreprises (Danone), une résidence d’art de deux jours s’est tenue à La Salvetat sur Agout en août 2022, accueillant des réfugiés récemment arrivés en France, et réunissant des thérapeutes expérimentés, d’Ukraine et de France, qui ont montré l’utilité et l’efficacité de l’art-thérapie pour une réponse d’urgence aux traumas liés à la guerre en cours.
(Sur le site de Teplo vous trouverez une présentation exhaustive de la résidence d’août 2022)
La prise en charge des traumas dus à la guerre
Les actions militaires entraînent inévitablement un grand nombre de victimes, des morts. Mais les victimes non mortelles, réfugiés, orphelins, personnes gravement blessées et traumatisées, déplacées loin de chez elles, manifestent des troubles psychologiques. Parmi elles, les enfants sont particulièrement vulnérables. Seules des personnes (thérapeutes, psychologues) formées à l’attention spécifique aux traumas dus à la guerre, aux destructions et à l’éloignement des domiciles, peuvent apporter une aide efficace, adaptée à la situation.
Les systèmes de soutien psychologique mis en place par les autorités ne sont pas adaptés à une situation de guerre et d’exode massif. Les plus professionnels s’avèrent épuisés et en nombre insuffisant.
Qui plus est, le nouvel environnement des réfugiés est un facteur qui complique la prise en charge. Désocialisation, langue nouvelle, méfiance face à la psychiatrie (héritage de l’ère soviétique), ne favorisent pas l’acceptation des propositions de soins issues de la culture européenne.
Les méthodes d’assistance collective
La conscience de ces difficultés à organiser des protocoles acceptables par les victimes des traumas dus à la guerre, à pousser les thérapeutes présents à la résidence d’août 2022 à formuler, créer et mettre en œuvre de nouvelles méthodes de travail avec les réfugiés, privilégiant les méthodes d'assistance collectives, aptes à surmonter la méfiance à l’égard de l’aide psychologique.
L'art-thérapie, à partir de groupe de 10-12 personnes, expérimentant en plein air, encadré par 1 ou 2 psychothérapeutes, a permis un accompagnement positif, accepté par le groupe.
Cette tentative éclairée s’appuyait sur l'expérience de thérapeutes d'Ukraine et d'autres pays impliqués dans la réhabilitation des victimes des conflits militaires durant de la dernière décennie. L'art-thérapie de groupe favorise également les liens horizontaux entre les personnes déplacées, les familles, les spécialistes et les bénévoles.
La résidence, événement écologique
La résidence d'été en art-thérapie à la Salvetat sur Agout a été présentée comme un événement. Elle s’est tenue sur dans un domaine à haute valeur écologique, en territoire non urbanisé d’une commune de montagne. Aux patients, la résidence a été présentée comme possibilité de vacances distrayantes et réparatrices, croisant pratiques artistiques, ludiques, aide pyschologique, associant les parents et leurs enfants réfugiés.
L'événement, devenu public, a contribué à rendre plus visible le problème du soutien psychologique aux réfugiés et a permis d'échanger les expériences sur ce problème dans les cercles professionnels.
Création d’une plateforme en Europe
A l’avenir, l’existence de résidences en art-thérapie pourrait se généraliser en Europe et donner naissance à un réseau partageant expériences et connaissances dans la prise en charge des réfugiés de zone de guerre, et des traumas dus aux pertes en raison des conséquences des conflits.
La théorisation des méthodes déployées lors de la résidence d’été 2022 à la Salvetat sur Agout s’est appuyée sur une conférence scientifique, entre spécialistes de plusieurs pays impliqués dans l'accompagnement des réfugiés souffrant du SSPT. Les conflits dans le monde ne manquent pas où ces méthodes ont déjà été expérimentées.
Elle met en évidence la difficulté de penser autrement ces problèmes qu’en temps de paix. Pour les professionnels c’est une question de qualité de l’assistance spécifique aux SSPT et du nombre de praticiens formés.
Ce constat nous amène à considérer que la plateforme s’attache à mettre en place une collaboration régulière supplémentaire entre scientifiques et praticiens sur les problèmes de la lutte de masse contre les troubles psychotraumatiques provoqués par les conflits agressifs croissants dans le monde. Avec la contribution de la communauté scientifique sous forme de publications dans la presse scientifique, ouvrant un corpus de connaissances et d'hypothèses fondamentales et pratiques.